Corollaire du fantasme sexuel de la femme
dessus, naît, dans le milieu des Troubadours un mythe érotique original
qui renverse une des figures les plus claires de l’auctoritas médiévale.
Composé par un chanteur Normand du XIIIe siècle, Henri d’Adeli, le Lai d’Aristote raconte
comment le tuteur d’Alexandre le Grand, tente de séparer le jeune roi
de son amoureuse Phyllis, qui le fait négliger ses devoirs politiques.
Phyllis, au faîte de cette offensive, prépare un stratagème pour la contrecarrer.
Tandis
que le philosophe médite laborieusement dans son étude elle danse et
chante, dénudée, dans le jardin adjacent. Aristote la perçoit et la veut
aussitôt. Elle lui met comme condition de se prêter à un petit caprice :
il doit être sa monture.
Le
Philosophe par excellence, « le mâitre de la logique, la métaphysique
et l’éthique », terrassé par le désir, y accède, jouant le rôle
burlesque de coursier (métaphore déjà présente, on l’a vu, dans
l’érotique romaine de la femme dessus).
Phyllis, le chevauchant, chante son triomphe.
« Et cele s’en est entremise
Tant qu’ele li met sor le dos.
Bien fait Amors d’un viel rados
Puis que Nature le semont
Quant tot le meillor clerc du mont
Fait comme roncin enseler
Et puis a quatre piez aller
Tot chatonant par sesor l’erbe.
Ci couvient essample et proverbe,
Sel savrai bien a point conter !
La damoiselle fait monter
Sor son dos, et puis si la porte.
La damoiselle se deporte
En lui chevauchier et deduit ;
Parmi le vergier le conduit,
Si chante cler et a voiz plaine… »
(Henri d’Andeli, Le lai d’Aristote, texte publié par Maurice Delbouille, Paris, Les Belles Lettres, 1951, vers 445-460)
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